Récit de voyage d'un lecteur de Voyages de Pêche :

Cela fait déjà douze années qu’avec des amis nous nous retrouvons chaque année en juillet pour un séjour d’une semaine en Suède, avec pour objectif de pêcher la jolie rivière Gimän, à Albacken dans le comté du Jämtland, à 5 heures de route au nord de Stockholm.

 

Au mois de janvier, je fais toujours un rappel des troupes pour prévoir les vols. « Allo, c’est toujours bon pour toi la semaine du 14 juillet ? Mais cette année 2023 ils avaient tous de bonnes excuses… Sauf mon neveu Jean : « je ne peux pas en juillet mais je peux en août »…

Youhou ! Va pour août ! »

Nous voilà donc partis, à deux, après plusieurs mois d’attente, retrouver non pas les champignons et les myrtilles des sous-bois suédois mais les brochets nombreux et combatifs qui peuplent encore les eaux sauvages de ce beau pays.

Mon neveu a 25 ans et entretient une véritable passion pour le beau matériel et la pêche du brochet et du black-bass dans son sud-ouest natal.

Premier jour, départ de l’aéroport de Roissy CDG avec la compagnie SAS, cela doit certainement signifier « Sans Aucun Soucis » car rares sont les compagnies qui savent rester accueillantes et ponctuelles de nos jours ! Nos bagages sont bien arrivés, remplis de boîtes à leurres, de moulinets et de nos fidèles cannes de voyage… Car cela fait maintenant 7 ans que nous laissons nos tubes à la maison à cause des surtaxes des compagnies aériennes.

Après avoir pris possession de notre voiture de location, nous voilà filant plein nord, retrouver notre chalet réservé depuis 6 mois au bord de la rivière Gimän. En chemin, arrêt obligé dans une station-service pour déguster les fameux hotdogs suédois à la sauce moutarde aigre douce et oignons grillés… Là, on est vraiment en Suède ! 

Cette année, nous n’allons pas nous marcher dessus, à deux dans un chalet prévu pour 6 ! À peine arrivés que le jeunot déballe déjà tous ses jolis leurres sur la table. Il y en a de toutes les tailles et surtout de toutes les couleurs. « Alors celui-là, il faut le twitcher à ras du cover alors que celui-là le jerker en powerfishing sur les zones shallow. Tiens, prends celui-là, un heavy softbait spécialement pour le deep fishing… Mais combien pèse-t-il ? 140 g, pourquoi ? Et celui-là ? 155 g ! Mais tu pêches avec quelle canne ? Une Bone 21-140 g répond-il tout étonné de ma question. Une 21-140 g… comment est-ce possible ? »… Quel progrès technique ! Je suis impressionné devant cette profusion de couleurs et d’inventivité des fabricants de leurres, ils sont vraiment très forts !

Mais je m’interroge, on pêche maintenant le brochet avec des leurres plus gros que pour les GTs de Madagascar ou les carpes rouges du Gabon ? Ou alors un vieux Super Shad Rap ou simplement un K-Ten 140 peuvent encore faire des malheurs ?

Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà partis en découdre avec les brochets ! Mon neveu est merveilleusement équipé de la tête au pied mais, avec surprise, son matériel casting puissant a conservé une certaine finesse et une excellente sensibilité ; je suis bluffé ! Je me sens un peu old school en pêchant encore en spinning avec ma vieille Beastmaster 50-100 g et ma Daiwa Team Travel 28-84 g un peu plus récente.

La pêche peut enfin démarrer et là, dans l’eau claire, je vois défiler un festival de leurres tous plus jolis les uns que les autres : de gros chatterbaits, des swimbaits énormes genre Madness Balam 245, de gros Buster Jerk CWC, des Miuras Mouse 23 cm, suivis de leurres souples genre Swing Impact ou Pig Shad 20 cm. Ils sont tous magnifiques mais surtout terriblement efficaces sur les brochets et les grosses perches, que mon neveu enchaîne rapidement. Je sens que la semaine risque d’être difficile pour mes vieux leurres, moi qui pêche avec peu de diversité. J’utilise principalement deux Spro BBZ 15 cm coulant, deux Lucky Craft B’Freeze 127 et une cuillère Mepps n°7 coloris fire tiger.

Mais ce fut encore une magnifique semaine ! On se sent constamment privilégié de pêcher un endroit aussi paradisiaque avec des eaux translucides, des herbiers partout où la beauté des paysages n’a rien à envier aux couleurs et à la combativité de ces brochets, qui nous gratifient d’attaques visuelles au quotidien.

Et qu’on le veuille ou non, les résultats sur toute une semaine de pêche seront sensiblement identiques, avec certes le plus gros poisson pour Jean, un bec de plus de 110 cm mais je ne serai pas en reste avec plusieurs poissons dépassant les 90 cm, voire le mètre. Certains me diront, et ils ont raison, on ne vient pas en Suède pour pêcher à la cuillère ni au B’Freeze, c’est de la triche pour faire beaucoup de poissons ! C’est un peu vrai, on veut surtout viser le gros poisson. Mais on prend aussi beaucoup de brochets moyens, voire des petits sur de gros leurres avec en plus toutes les difficultés à pêcher 13 heures par jour avec des leurres de plus de 100 g. Et quand on n’a pas pris beaucoup de poissons pendant son année de pêche dans notre beau pays, il est toujours agréable de faire plus de 100 jolis brochets pendant sa semaine de pêche à l’extérieur du pays.

Je comprends parfaitement cette rage d’acheter les derniers leurres sortis qui font rêver avec des spécimens énormes et des actions incroyables. Ils donnent envie d’aller à la pêche, ils font rêver les jeunes et talentueux pêcheurs. Rêver, n’est-ce pas déjà du plaisir ? Aller chez son détaillant préféré pour revenir avec un ou plusieurs leurres tant convoités qu’on rangera religieusement dans sa boîte avant de pouvoir les essayer, n’est-ce pas du plaisir aussi ? À vrai dire, j’avais aussi les yeux qui brillaient et passais mon temps à les regarder évoluer dans cette eau si claire. Quel mimétisme, quelle action ! De vrais jouets pour adultes !

Allez, je vais peut-être me laisser tenter par un ensemble casting et quelques-uns de ces jouets mais soyez certains que mes bons vieux leurres ont encore de beaux jours devant eux !

Eric Rossi, 95120 Ermont

et Jean Barbarou, 82300 Caussade