Au Gabon, la pêche à la mouche est exigeante et ingrate…

Les captures n’en sont que plus gratifiantes !

 

(Récit paru dans VDP 121, numéro de février-mars 2017)

 

Il y a de cela quelques années, j’ai rencontré une équipe de pêcheurs un peu particuliers surnommés « les Ivoiriens ». Ils m’ont donné le virus du Gabon et tous les ans nous passons quelques séjours au lodge de Sette Cama et en profitons pour affiner nos techniques et théories sur la pêche aux leurres du bord. Depuis quelques temps, mon ami Christian s’est mis à pêcher à la mouche en mer avec plus ou moins de succès mais avec une passion communicative. Après l’avoir observé en train de galérer pour lancer mais s’éclater sur des combats dantesques à l’issue toujours incertaine, je me suis décidé à m’équiper à mon tour. Sur ses conseils, j’ai commencé par un matériel de puissance 9 et tout s’est enchaîné. Lors de mes premiers essais, j’arrivais à peine à lancer un streamer à 15 mètres mais j’ai pris un premier tarpon, pas énorme, une quinzaine de kilos, mais suffisant pour que le démon entre en moi. Depuis, je suis passé par toutes les étapes de galères mais aussi par des grands moments de plaisir pour avoir leurré un poisson avec un streamer « maison » et l’avoir ramené avec un matériel si léger !

Cette année en novembre, nous sommes retournés à Sette Cama, un camp tenu à la perfection avec une table généreuse et délicieuse. Après avoir eu les retours d’expérience de Sud-Africains ayant pêché uniquement à la mouche, je m’étais donné comme objectif de prendre un beau poisson du bord. J’ai plutôt l’habitude de pêcher en bateau, et là, je suis confronté à plusieurs problèmes qui ne simplifient pas la tâche. Je me rappelle la réflexion de Christian : « la pêche à la mouche, c’est l’art de se compliquer la vie lorsqu’on peut faire plus simple ».

Non seulement je dois gérer le sens du vent mais je dois tenir compte du courant et des vagues. Après de nombreux essais, je réussis à prendre quelques carangues et carpes rouges entre 1 et 6 kg. Il faut être motivé pour pêcher du bord à la mouche et prendre un poisson de temps en temps pendant que vos amis en capturent des gros, aux leurres, non loin de vous ! Enfin, je ne me décourage pas et persévère dans mon trip !

Bien m’en a pris, car le septième jour, sur un banc de sable en face des rôniers sur la rive nord de la passe de Sette Cama, je ferre un gros poisson dans la vague. Après avoir négocié la phase du départ - la plus difficile à gérer pour éviter que la soie ne s’emmêle - le poisson prend le large et sort plus de 150 m de backing avant de s’arrêter derrière la barre. Je sors de l’eau, monte sur la dune pour prendre de la hauteur et éviter que mon bas de ligne de 50 lb ne frotte sur le sable. Je suis le poisson et profite d’un moment de faiblesse pour lui reprendre du fil. Il est là, à 30 m du bord, dans la baïne… Je mets un peu de pression pour finir le combat et le poisson décide de repartir derrière la barre… Tout est à recommencer. Enfin, après une vingtaine de minutes, le poisson est dans la dernière vague mais ne s’avoue pas vaincu. Il me balade de droite à gauche sans se laisser échouer. Le combat s’éternise jusqu’au moment où une grosse vague vient le déposer devant moi. Une magnifique carpe rouge estimée à une vingtaine de kilos qui sera remise à l’eau après avoir été mesurée : 98 cm sur la petite longueur et 76 cm de tour de taille.

En fin de séjour, j’ai eu l’opportunité de lancer vers des tarpons mais ils n’étaient pas mordeurs. Dommage, car il y en avait des gros dans le banc ! Rendez-vous est pris pour l’année prochaine et, en attendant, je vais m’entraîner sur les thons et les petits tarpons de Côte d’Ivoire.

Thierry Couty

Abidjan

Côte d’ivoire